Papers Please : Pour la gloire d’Arstotzka, vos papiers s’il vous plait…
Félicitations cher-ère lecteur-rice ! Aujourd’hui est un grand jour : vous avez été sélectionné.e pour le poste d’inspecteur–rice de notre glorieuse frontière. Alors n’oubliez pas votre costume, votre carnet, votre fusil et tachez à bien accomplir vos fonctions ! Gloire à l’Arstotzka!
Papers, Please est un jeu indépendant de simulation d’office de l’immigration et de puzzle dans un univers de thriller dystopique. Sorti initialement en 2013, il est codé sous le langage informatique Haxe, sur le framework* OpenFL (libre et gratuit).
Il a été développé par Lucas Pope, ancien employé de Naughty Dogs (boîte de jeu ayant réalisé The Last Of Us). Le jeu a reçu un excellent accueil et quasi -parfait auprès des joueurs-euses ! (98% de votes positifs sur Steam, un des jeux les mieux notés de la plateforme).
Framework : En programmation, est un ensemble cohérent de fichiers, donnés etc.. structurels qui sert à créer les fondations d’un logiciel.
- Disponible sur PC, Mac OS, Linux, Android, IOs.
- PEGI 16 (Violence graphique pixélisée, injures, nudité désactivable)
- 9€, promotions fréquentes sur Steam
- Peut être tourné sur un PC bureautique
L’écran du menu principal du jeu donne déjà le ton.
Le titre éponyme commence à apparaître dans un fond noir sous le rythme de la musique principale du jeu.
Cette musique est à la fois patriotique et angoissante, mais immédiatement mémorable.
Le jeu vous met dans la peau d’un père de famille, habitant dans l’état “communiste” d’Arstotzka, qui a récemment gagné à la loterie du travail et a obtenu le job d’agent d’immigration à la frontière Artsotzka-Koléchie, dans une ville divisée en deux. Vous et votre famille déménagerez tout près du lieu du travail, dans des appartements de basse classe.
Ainsi, votre objectif est simple : En tant qu’agent du poste d’office de l’immigration de Grestin de l’Est, vous devrez contrôler et inspecter le flux d’immigrés qui souhaitent rentrer à Arstotzka. Vous devrez être vigilant.e dans votre travail et obéir aux ordres de votre gouvernement.
Pour le gameplay, ça se dégoupille comme ça : Demandez les papiers aux immigrants-tes, vérifiez si tous les documents sont présents, observez s’il y a des anomalies, et tamponnez le visa. Tout le jeu est comme ça, sauf à de rares et brèves exceptions. Tout se contrôle par la souris ; on bouge les documents, on ouvre des carnets, on inspecte les cartes, etc. Bref, un véritable travail d’administration comme on le verrait à la préfecture.
L’écran principal du jeu, que vous verrez à 90% du temps.
A droite votre bureau où vous inspecterez et tamponnerez les documents.
A gauche l’accueil, là où les individus arrivent et en haut l’extérieur, avec la queue et les gardes.
Si vous pensez que le jeu pourrait être vite ennuyeux, détrompez-vous ! Papers Please est surprenamment addictif. Il y a une certaine satisfaction dans chaque action que vous accomplissez, quand vous tamponnez, que vous remarquez une erreur ou qu’un document est expiré, tout cela fait que le jeu vous met véritablement dans la peau d’un agent de frontière, l’immersion est garantie ! Le sound design bien choisi aide beaucoup à enrichir cette sensation globale.
Et puis, le jeu est très riche en contenu : Au fur et à mesure que les jours passent, des nouveaux documents requis apparaitront, d’autres deviendront obsolètes, vous devez gérer des passeports de 7 pays différents, les taches deviendront de plus en plus compliquées, car non seulement il faudra vérifier que tout soit en ordre mais qu’en plus il faut être très vigilant aux faux documents, reconnaissables souvent aux erreurs typographiques. Et ne parlons même pas des contrebandes, qui arrivent plus souvent qu’on ne le pense.
Ainsi, Papers Please devient vite un casse-tête dans lequel il faut beaucoup d’effort et d’attention, à bien regarder attentivement les moindres détails cruciaux. Et vite ! Car les jours passent vites et on est payé par le nombre d’individus vérifié (5$ chacun) afin d’avoir assez pour prendre soin de notre famille ; sans compter le nombre d’évènements qui peuvent arriver, raccourcissant parfois les journées de travail qui sont pourtant cruciaux pour votre niveau de vie.
Heureusement, vous aurez accès à plusieurs outils qui vous aideront beaucoup : des raccourcis de claviers, un meilleur appartement pour votre famille ou même le bouton détention pour les contrebandiers.
Il faut faire attention à bien nourrir et chauffer sa famille, à les soigner en cas de maladies.
Faites attention aussi à ne surtout pas être dans le négatif niveau argent.
Il est possible qu’un membre meurt s’il n’est pas traité à temps et si tout le monde meurt...
Si le jeu comporte déjà un nombre de mécaniques intéressantes, il brille aussi particulièrement sur un aspect : l’histoire. Ou plutôt, son absence, remplacée en réalité par de multiples péripéties différentes qui donnent une véritable vitrine de ce monde dystopique, encore ravagé par de multiples conflits, plus ou moins actif (Arstotzka sort tout juste d’une guerre contre son voisin, la Koléchie).
Le jeu a beaucoup d’interactions sociales, à force de rencontrer des gens, vous verrez certaines personnalités intéressantes, parfois atypiques dont vous devrez faire face ou qui vous aideront. Et en même temps, vous en apprendrez plus sur cette société fictive qui a pourtant des enjeux réalistes et si proche de notre monde.
Un autre aspect qui a rendu le jeu célèbre : Vous devrez, face aux nombreux dilemmes, faire un choix moral, souvent difficile et lourd en conséquence. Choix qui parfois ne sera pas légal et sera puni d’un avertissement voire d’une amende. D’autant plus que parfois vous aurez une option qui vous sera plus bénéfique à vous mais sera immorale ou alors de participer dans une activité illégale mais qui irait dans le bon sens des choses selon vous.
C’est pour cela que ce titre est considéré comme un cas d’or de ce genre de jeu vidéo qui va plus loin que du simple divertissement. Le jeu à plusieurs messages à faire passer, tous ouvert à l’interprétation qu’on se fera à travers les choix que nous prendrons et qui reflèteront notre propre moralité.
Le monde de Papers, Please contient plusieurs personnages récurrents.
Chacun avec leurs histoires, leurs personnalités, leurs vies, leurs relations etc…
A vous d’en décider leurs sorts et d’en assumer les conséquences.
Et s’il est très loin d’être le premier à essayer de briser les limites du jeu vidéo en tant qu’unique médium récréatif, Papers, Please a su bien implémenter les mécaniques de jeu dans la vision artistique plutôt qu’indépendamment de ce dernier.
Chaque élément et moment de gameplay participe aux messages que le jeu veut faire passer. Toutes vos actions comptent et ont du sens, comme pour tous les évènements qui vous tomberont dessus ; qui sont à la fois un commentaire social, politique ou artistique (voire les trois) et un obstacle à franchir en termes de gameplay pure.
Papers, Please au fond est très simple à comprendre, rendant tout son contenu accessible à tous-tes. Et en même temps, il faut y mettre un certain effort cognitif, surtout à la fin où on se retrouve vite débordé. Si on rajoute que la palette graphique ne peut pas plaire à tout le monde, il est vrai que le jeu peut être dure, voire stressant pour certains-aines. C’est pour cela que le jeu offre un mode Facile, qui augmente vos revenus par jour et réduit les risques d’endettement.
Ne prenez pas trop à la légère certains évènements !
C’est généralement dans ces cas que vous pourriez débloquez quelques fins.
Alors n’hésitez pas à faire certaines actions osé, vous pourrez toujours reprendre là où vous étiez.
Malgré sa petite taille, le jeu contient du grand contenu : Avec 30 jours chacun variant de 10 à 15 minutes, 20 fins différentes et un mode infini à débloquer, ce n’est pas la rejouabilité qui manque. Il peut être fini en 5 heures si on est très rapide, 7-8 heures si on prend son temps et 20 heures pour le compléter à 100%.
Pour conclure, Papers, Please est devenu un immanquable des jeux indépendants, ce dernier a inspiré même plusieurs autres jeux qui ont soit directement pris son concept et l’ont remodelé, soit se sont indirectement inspirés de ses thèmes et sa façon de raconter une société dystopique. Et si son auteur est passé à autre chose (Return of the Obra Dinn, autre titre que je conseille), Papers, Please fêtera ses 10 ans cette année et on en parle encore jusqu’à aujourd’hui.
Si vous voulez vous mettre dans la peau d’un contrôleur de frontières, que vous voulez un thriller politique froid et pesant, une critique des régimes totalitaires, de la guerre, de la corruption ou tout à la fois, alors il ne faut pas hésiter. Détenez les intrus, tamponnez les visas et fermer le poste.